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Dupret Eleonore Diane
Biographie
Eléonore Diane a suivi un parcours à la manière du bonzaï, un parcours artistique qui puise ses racines au fond des fonds, à l’origine, en ce temps des mystères de la Grèce antique où tout était lié. L’architecture de sa recherche repose sur trois maîtres mots : théâtre, philosophie et chant.
Apres un parcours brillant en philosophie avec les professeurs Rose et Bellow, elle se consacre en tant qu’actrice au théâtre moderne et à l’exploration du vide, puis en tant que créatrice à la conception d’une structure de création, une autre forme de théâtre où la performance se joue avec le public, dans une machine philosophique à créer. Enfin elle accepte de s’adonner pleinement à sa voix de contralto, la voix la plus grave du répertoire féminin, une voix venue de nulle part, puissante, profonde, qui descend jusqu’au vertige.
Son apprentissage professionnel en théâtre commence avec le théâtre classique ( L’avare, 1999 –tournée régionale), elle s’oriente ensuite vers le théâtre moderne. Elle travaille alors durant sept ans avec un compositeur contemporain, avec lequel elle participe à sept créations, soit en théâtre soit en chant soit en conceptrice. Une de ces créations est montée pour un Centre dramatique national et trois d’entre elles sont des créations qu’elle coréalise ou cosigne.
Mais pour pouvoir cerner d’un seul regard son parcours singulier, on retiendra trois noms :Triboluminescence, le Cabaret Bleu Nomade et l’Agnus Dei de Bach .
Le premier non c’est Triboluminescence ou « luminescence produite par rencontre de cristaux », c’est pour elle un premier rôle dans la création d’une compagnie contemporaine proche de la danse et des arts martiaux. Un spectacle-performance entre peinture, rythme et harmonie, représentés respectivement par un peintre en action, un pianiste et un batteur, avec elle, l’actrice, au centre, oreilles, yeux et corps ouverts, à l’affût instinctif de tout ce qui peut arriver : un rôle qui repose sur le vide, où seul l’être s’exprime dans l’instant.
Le second c’est le Cabaret Bleu Nomade ou la conception d’une structure à création, un théâtre où la performance se joue avec le public dans une machine philosophique à créer. C’est la création d’une coque vide en forme de spectacle, qui va pouvoir lier les imaginaires de chacun pour n’en faire qu’un seul « sur mythe », c’est à dire un mythe collectif moderne. Cette création la définit dans sa disposition de chercheuse sur scène et derrière la scène. Un projet gigantesque dont l’enjeu est de faire que le public crée en même temps que l’artiste, qu’il prenne totalement part à l’œuvre, comme dans le théâtre grec où public, chœur et acteurs ne font qu’un.
Le troisième nom c’est L’Agnus Dei de la messe en si de J.S.Bach, celui qui lui a révélé sa vocation de chanteuse. Un morceau qui définit en puissance la voix de contralto : chant sacré, divin, magnifié par une voix androgyne qui semble venir d’ailleurs, chaude et salvatrice, puissante, troublante et apaisante. Dans ce chant se trouvent la méditation et la compréhension, et, paradoxalement, la passion et la sagesse réunies. Eléonore Diane s’adonne à la philosophie mais pour elle seul le chant peut transmettre véritablement ce que l’esprit nous permet de comprendre. Pour elle, chanter est une nécessité qui s’impose du plus profond de la nuit.
Dans cette rétrospective artistique, son parcours pourrait à première vue apparaître atypique et irrégulier comme l’est un morceau de musique baroque. Mais si on le regarde d’un peu plus près on découvre une véritable architecture sous-jacente, dont les trois piliers : théâtre, philosophie et chant sont par nature indissociables et liés.
Apparus en même temps en Grèce antique, ils expriment le passage des lois divines aux lois humaines. C’est au Théâtre que, durant des jours entiers, les questions philosophiques par excellence, se posent entre ciel et terre, entre humain et dieu, par le chœur et les solistes qui s’expriment par leurs chants. La tragédie, est ce lien où toutes les questions véritables s’expriment et où celles qui sont ineffables peuvent prendre corps dans le chant.
C’est en ce point que l’intuition d’Eléonore Diane se retrouvent et où son chant lui permet d’exprimer et de transmettre tragédie et philosophie
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